Payer une contravention en Colombie – comment ça marche

Le nouveau Code de la Police est entré en vigueur le 1er février 2017, mais les 6 premiers mois ont été une “étape pédagogique”. Ceci veut concrètement dire que, durant 6 mois, la police a préféré “éduquer” les citoyens plutôt que d’imposer des contraventions. Une excellente mesure !

Mais, la trêve est maintenant terminée et, depuis le début du mois d’août, les contraventions pleuvent !

Sans trop rentrer dans les détails, il existe différentes catégories d’infractions. En voici quelques exemples pour vous donner une idée :

Catégorie 1 : Ne pas ramasser les excréments de votre chien sur la voie publique, jeter vos déchets sur la voie publique…

Coût de la contravention : 98.360 pesos (28 euros).

Catégorie 2 : Port d’une arme blanche, boire de l’alcohol sur la voie publique…

Coût de la contravention : 196.720 pesos (56 euros).

Catégorie 3 : Atteinte à la pudeur sur la voie publique, faire du bruit en dérangeant vos voisins (tapage diurne et nocturne)…

Coût de la contravention : 393.440 pesos (112 euros).

Catégorie 4 : Vendre de l’alcohol ou du tabac à un mineur, uriner sur la voie publique…

Coût de la contravention : 786.880 pesos (225 euros).

Donc, comment cela se passe-t-il dans la pratique ?

Imaginons que vous n’avez pas ramassé les excréments de votre chien sur le trottoir et que vous avez pris(e) en flagrant délit par un policier zélé qui s’apprête donc à vous donner une contravention de 98.360 pesos.

Vous devez “raisonner” donc avec lui en lui expliquant qu’il a totalement raison, que vous excusez platement du comportement de votre chien, que vous avez définitivement appris votre leçon et que ce triste incident ne se reproduira certainement plus !

Durant cette conversation, vous lui glissez discrètement un billet de 20.000 pesos (6 euros) en le remerciant profusément de sa compréhension.

Au final, qui a gagné et qui a perdu ?

  1. Vous avez certainement gagné. Vous n’avez dépensé que 20.000 pesos, soit quatre fois moins que le coût actuel de la contravention. Et vous avez également évité d’avoir à aller au poste de police pour remplir l’incroyable paperasse liée à cette amende.
  2. Le policier a gagné 20.000 pesos nets d’impôts ce qui lui permettra de s’acheter quelques bières bien fraîches le prochain week-end.
  3. L’État a donc perdu en revenus !  Oui, en théorie, sauf que dans la pratique, cette somme aurait été ultérieurement volée par un haut fonctionnaire ! Vos 98.360 pesos seraient entrés dans le budget national et auraient ensuite été affectés à une obscure dépense fantôme qui aurait vite disparue du système…

La corruption est endémique en Colombie. À tous les niveaux et quels que soient les montants.

Cette anecdote ne veut certainement pas dire que je sanctionne cet état de choses. Mais, si j’ai appris une chose en Colombie, c’est que nous nous devons de suivre les règles d’un jeu sur lesquels nous n’avons actuellement aucun contrôle (ni sur le jeu ni sur les règles). Il est donc essentiel de s’adapter à ces règles (aussi iniques soient-elles) pour pouvoir survivre.

Bien entendu, la corruption doit être éradiquée – c’est un fléau qui affecte tout le monde et qui ruine le pays. Mais les changements ne commenceront pas à mon niveau (ni à celui des policiers d’ailleurs).

C’est à l’État de monter l’exemple et de prendre les mesures nécessaires pour que les changements filtrent du haut vers le bas.

Il reste encore hélas beaucoup de chemin à faire…

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