En Colombie, l'armée décapite la guérilla des FARC

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Darloup
 
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En Colombie, l'armée décapite la guérilla des FARC

Message : # 2840Message Darloup »

Tué dans un accrochage, Alfonso Cano dirigeait depuis 2008 une rébellion armée de plus en plus affaiblie.

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Par Marie Delcas

Alfonso Cano n'aura dirigé les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) que trois ans. Les autorités militaires colombiennes ont annoncé sa mort dans un accrochage, vendredi 4 novembre. "Cano", comme l'appelaient des compatriotes, avait pris la tête de la dernière grande guérilla d'Amérique latine en mai 2088, après la mort de son chef historique Pedro Marin, alias Manuel Marulanda, qui avait passé plus d'un demi-siècle dans le maquis.

"C'est le coup le plus dur jamais porté aux FARC", a déclaré le président Juan Manuel Santos, en félicitant son armée, tard dans la nuit de vendredi à samedi. Manuel Marulanda étant mort de vieillesse, c'est la première fois qu'un chef des FARC est tué dans une opération. l'armée colombienne le traquait depuis des mois. Télévisions et radios ont interrompu leurs programmes pour couvrir en direct "l'évènement historique".

De son vrai nom Guillermo Leon Saenz, le chef guérillero a été tué vendredi matin dans le département du Cauca, dans le sud-ouest du pays. Les seules informations disponibles concernant les circonstances du décès sont celles de l'armée. Selon le ministre de la défense, Juan Carlos Pinzon, le chef guérillero - retrouvé imberbe alors qu'il avait longtemps arboré une barbe fournie - a été blessé à l'aube lors d'un bombardement aérien. Il a trouvé la mort quelques heures plus tard au cours d'un affrontement avec des troupes au sol. Sa compagne et et son opérateur radio ont également été tués. Quatre guérilléros ont été capturés.

M. Pinzon a indiqué que les renseignements fournis par des déserteurs et indicateurs de la guérilla auraient été décisifs pour le succès de l'opération. Il a appelé les rebelles en armes à se rendre.

La liste des coups durs infligés aux FARC s'allonge une fois de plus. Au pouvoir entre 2002 et 2008, le président à poigne Alvaro Uribe s'était juré de venir à bout de l'organisation. Dix ans d'offensive militaire sans répit ont sérieusement affaibli les rebelles.

En mars 2008, Raul Reyes, le numéro deux de l'organisation, est tué au cours d'un raid de l'armée colombienne en territoire équatorien. En septembre 2010, c'est le chef militaire et stratège de l'organisation, Jorge Briceño, alias Le Mono Jojoy, qui trouve la mort sous les bombes de l'armée. Des dizaines de chefs locaux ont été également éliminés, des centaines de guérilleros ont choisi de se rendre. De source officielle, les FARC, qui disposaient de 17 000 hommes en armes en 2001, n'en compteraient plus que 8 000 ou 9 000. "C'est encore beaucoup", relativise l'analyste Leon Valencia.

Car les guérilleros durent en Colombie : Alfonso Cano avait pris le maquis à la fin des années 1970. Il est mort à l'age de 63 ans. Au sein de la guérilla rurale que sont les FARC, il faisait figure d'intellectuel urbain. Il avait en effet grandi à Bogotá, au sein d'une famille aisée, et terminé ses études d'anthropologie à l'université nationale. Le cinéaste Lisandro Duque, qui fut son camarade de classe et de parti, raconte : "C'était un type extrêmement studieux, militant de la Jeunesse communiste qui, comme tout le monde, aimait les fêtes et les filles. Mais ce n'était pas un type charismatique capable de haranguer une assemblée générale, non. Il était fait pour écrire."

A la fin de ses études, il part pour l'Europe : d'abord en Union soviétique puis quelques mois en France. A son retour, accusé de complicité avec les FARC, il fait un séjour de plusieurs mois en prison, avant d'être amnistié. Il prend alors les armes pour de bon. Une décision "terriblement banale", selon M. Duque ; "dans les années 1970, la lutte armée était perçue par beaucoup d'universitaires colombiens comme la forme la plus noble d'engagement politique".

Alfonso Cano est un bon marxiste qui grimpe rapidement les échelons. En 1990, il entre au "secrétariat"., la direction collective des FARC. Par deux fois, en 1991 et 1992, il est désigné par l'organisation pour tenter de négocier la paix avec le gouvernement colombien, sans succès. Au cours des pourparlers de paix menés entre 1998 et 2011 dans la région de Caguan, tout aussi infructueux que les précédents, il garde un profil discret et pratique avec constance la langue de bois.

Beaucoup voulurent voir dans la nomination en 2008 de "Cano" - que l'on disait plus politique que ses pairs - une possibilité d'ouverture à la tête des FARC et un signe positif en faveur de la paix. Il n'en fut rien. "Dès qu'il est devenu grand chef, Cano a eu toute l'armée aux trousses. Il a passé plus de temps à fuir qu'à diriger de fait son organisation", pointe Lisandro Duque. Visé par 200 mandats d'arrêt, Alfonso Cano s'est révélé meilleur stratège qu'on ne l'imaginait. Les FARC, restructurées en petites unités extrêmement mobiles, ont repris de l'activité dans le sud-ouest du pays.

La mort d'Alfonso Cano est une victoire et politique de choix pour le président Juan Manuel Santos. Elle intervient alors que son prédécesseur, Alvaro Uribe, se fait de plus en plus critique et conteste les résultats de l'actuel gouvernement en matière de sécurité. M. Uribe venait d'ailleurs tout juste de déclarer que l'armée colombienne avait perdu le moral.

Qui va prendre la tête des FARC ? La liste des guérilleros historiques capables de s'imposer aux troupes s'est considérablement réduite. La question est de savoir si la mort de "Cano" va pousser les FARC à la négociation, comme le souhaite le président Santos. Ou si le gouvernement a perdu un interlocuteur légitime. Car la crainte existe que la guérilla se fragmente.

Source : "Le Monde" du 7 novembre 2011.
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