La Colombie sous un déluge apporté par La Niña

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Darloup
 
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La Colombie sous un déluge apporté par La Niña

Message : # 2441Message Darloup »

Dans ce pays pluvieux qu'est la Colombie, jamais il n'avait plu autant. "Depuis dix mois, nous enregistrons un niveau de pluviosité 5 à 6 fois supérieur à la normale", explique Ricardo Lozano, directeur de l'Institut d'hydrologie, de météorologie et d'études environnementales (Ideam). Vingt quatre départements sur trente sont touchés par les averses torrentielles et les inondations. Le dernier bilan de la Croix-Rouge fait état de 425 morts (dont 106 depuis le début de l'année) et trois millions de sinistrés.

Des milliers de Colombiens ont été contraints d'abandonner leur demeure - 12 000 logements ont été détruits, 356 000 endommagés - pour trouver refuge dans des abris de fortune. Plus de 1 million d'hectares sont sous les eaux. "Mais le système de prévention des désastres a fonctionné", souligne M Lozano qui évalue de 5 000 à 10 000 le nombre de vies humaines que les ordres d'évacuations ont permis de sauver.

Pays tropical et montagneux, la Colombie ne connaît pas de saisons. L’européen qui débarque à Bogotá a bien du mal à comprendre la météorologie locale : quand il pleut, "c'est l'hiver", dès qu'il fait beau "c'est l'été". Et les deux saisons peuvent se succéder dans une même journée. Les mois les plus pluvieux - mars, avril, octobre et novembre - sont entrecoupés de périodes plus sèches.

Mais cette année les pluies diluviennes ont été pratiquement incessantes. "Complètement imbibées, les Andes ne retiennent plus rien : l'eau qui dévale des pentes vient grossir les fleuves qui inondent les plaines et les côtes. Sur son passage, elle charrie des tonnes de boue, emporte les routes et les ponts", explique M. Lozano. Les éboulements de terrain ont mis à mal le réseau routier, au demeurant précaire. A 2 500 mètres d'altitude, l'immense plaine de la Sabana - sur laquelle est construite Bogotá, est elle-même partiellement inondée. Les effets secondaires de cette inhabituelle saison des pluies se font sentir : le prix des aliments augmente, le traitement des eaux se fait mal, la dengue hémorragique menace... Le coût des destructions reste à évaluer : il se chiffrera en millions de dollars.

A qui la faute ? A la Niña ("la petite fille"), un phénomène météorologique cyclique qui résulte d'une baisse des températures moyennes des eaux du Pacifique au large du Pérou et de l’Équateur. Elle fait pendant à El Niño ("l'enfant") qui suit un réchauffement de la température de l'océan et se traduit en Colombie par des mois de sécheresse.

Bien avant que les météorologues n'entrent en scène, les pêcheurs péruviens avaient constatés une baisse épisodique du nombre des poissons au moment de Noël, ils ont baptisé le phénomène l Niño en référence à l'enfant Jésus.

"Le phénomène de La Nina qui, traditionnellement revenait tous les cinq ou six ans, gagne en fréquence et en intensité, du fait du réchauffement climatique", pointe Ricardo Lozano. La Niña, qui sévit depuis l'été 2010, est la plus puissante jamais enregistrée. Ses effet devraient durer encore deux mois. Le pire de la catastrophe est peut-être à venir.

Mais le climat n'est pas seul responsable du désastre en cours. Les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité. "Ils ont laissé les politiciens corrompus, les éleveurs de bétails, les compagnies minières, les exportateurs de bois tropicaux, les groupes armés, les cultivateurs de drogue, les constructeurs immobiliers, détruire forêts et marécages, saccager les bassins des fleuves. Ils ont laissé s'installer l'exclusion sociale qui contraint les plus pauvres à vivre dans les zones dangereuses", s'indigne l'économiste Roberto Arango.

Pour l'écologiste Juan Pablo Ruiz, "les autorités doivent prendre des mesures urgentes pour restaurer les marécages, lacs et les forêts, régulateurs naturels des crues des fleuves et de l'érosion des montagnes, afin de faire face aux changements induits par le réchauffement climatique". D'ici là, des trombes d'eau vont encore s'abattre.

Source : Le Monde du 4 mai 2011
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