Pssst ! T’aurais-pas un p’tit bazooka à me vendre en lousdé ?

Le gouvernement colombien essaie en vain de réduire le nombre d'armes illégales en circulation dans le pays.

Ces armes proviennent majoritairement des groupes paramilitaires de droite et des groupes de guerrilleros de gauche. A mesure que ces groupes sont démantelés, un grand nombre d'armes restent toujours en circulation illégale. Elles peuvent s'obtenir sur le marché noir local à des prix défiant toute concurrence.

Donc, périodiquement, le gouvernement lance des campagnes du genre "No a las Armas, Sí a la Vida" (Non aux Armes, Oui à la Vie). Et, pour réduire le nombre d'armes en circulation, le gouvernement les rachètent à des prix bien supérieurs à ceux du marché noir ! Donc, un matin, vous ouvrez votre journal quotidien y vous y trouvez imprimé sur une demi-page un grand tableau de quasiment toutes les armes ainsi que leurs prix de rachats par les autorités. Cela va du simple pistolet calibre 32 jusqu'au lance-roquette en passant par la Kalashnikov et le bazooka ! Le gouvernement rachète même (surtout ?) les munitions…

Vous êtes donc supposé aller au poste de police le plus proche avec vos armes où vous pourrez les vendre anonymement (sans présenter de documents d'identité). Puis, ensuite, comme le font de nombreuses personnes, vous retournez immédiatement au centre ville où vous racheter un nouveau lot d'armes bon marché pour les revendre ensuite aux autorités pour le double. Ce système est absurde !

Et savez-vous qui sont les meilleurs "clients" du gouvernement ? Les prisonniers ! Le gouvernement récupère des centaines d'armes dans chaque prison (en les payant, bien naturellement) ! A chaque visite trimestrielle !

Ah, la Colombie !

Hôtel ou motel ?

Tout le monde sait ce qu'est un hôtel…

Et je suppose que pour vous, comme pour moi, un motel c'est une série de chambres devant lesquelles on peut garer son véhicule, tels qu'on les voit dans les films américains. Un motel, ça ressemble donc à ceci :

 

 

Pas en Colombie !

En Colombie, un motel est un hôtel réservé aux jeux de l'amour pour les couples (licites ou non !).

Ce n'est pas un hôtel de passe bien que les chambres se louent à l'heure ! Non, en Colombie un motel est simplement un endroit où les couples peuvent se rencontrer (par exemple les jeunes qui habitent chez leurs parents respectifs), ou même se "retrouver", car les motels possèdent tous un arsenal complet d'"accessoires érotiques" pour ranimer les passions éteintes. Et c'est également l'endroit idéal de rencontre pour les amants illicites qui trompent leur conjoint…

Et, en ce mois de "l'Amour et de l'Amitié", les motels n'hésitent pas à faire de la pub dans les revues et journaux locaux. En voici quelques exemples :

 

 

Vous aurez bien sûr remarqué "les sièges érotiques", "les barres strippers" ainsi que les trois entrées/sorties pour une discrétion maximale !

El Día del Amor y de la Amistad

El Día del Amor y de la Amistad est une fête très attendue en Colombie. Et pour ceux d’entre vous qui sont trop paresseux pour lire les anciens billets de ce blog, voici une copie exacte de ce que j’avais publié ici il y a mainenant trois ans :
En Colombie, la Saint-Valentin n’est pas fêtée le 14 février, mais le troisième samedi du mois de septembre.
 
En fait, les célébrations commencent le dimanche précédent et durent la semaine entière – « La semana del amor y de la amistad »  (la semaine de l’amour et de l’amitié).
 
Tout le monde y participe (entre collègues de travail, dans les écoles, entre voisins, etc.). Chaque jour possède un thème différent. L’essentiel est que tout se fasse de façon anonyme et secrète.
 
Le dimanche : Le jour des messages écrits (e.g. « Tu as un admirateur secret qui se languit de toi »)
Le lundi : Le jour des cadeaux sucrés (gâteaux, bonbons, sucreries)
Le mardi : Le jour des cadeaux salés (empanadas, arepas, butifarras, etc.)
Le mercredi : Le jour des « poissons d’avril » – toujours anonymes !
Le jeudi : Le jour des prières – sur des messages écrits (e.g. « Que Dieu t’accorde la santé »)
Le vendredi : Le jour où des fruits sont laissés en cadeau
Le samedi : C’est le grand jour où tout le monde se dévoile, et  où il n’y a plus d’anonymat ni de secret. C’est le jour où vous envoyez des carte à vos amis et/ou à votre amour.

Non, le Mexique n’est pas plus dangereux que la Colombie

Pour ceux d'entre vous qui portent des lunettes roses et qui croient toujours que la Colombie est moins dangereuse que le Mexique, voici les dernière statistiques des homicides pour l'Amérique Latine, une région qui reste l'une des plus dangereuses au monde :

 

L'article complet se trouve ici (en espagnol).

Une vie derrière les barreaux

Comme l'on vole tout et n'importe quoi en Colombie – et ce tout le temps, il faut bien se protéger. Et les objets de valeur que les colombiens possèdent se trouvent en général dans leur maison.

Donc, à Barranquilla (et je suppose que dans d'autres villes également), les colombiens protègent leur résidence par des grilles (sauf dans les quartiers les plus pauvres où il n'y a a rien à voler. Et de toute façon, les habitants ne pourraient pas s'offrir le coût des grilles).

Les maisons individuelles ont des grilles :  

 

Les entrées d'immeubles ont des grilles (et un gardien) :  

 

Les fenêtres des premiers et seconds étages ont des grilles :  

 

Les portes d'entrée des appartements à l'intérieur des immeubles ont des grilles :  

 

Les unités de climatisation sont protégées par des grilles :  

 

Ainsi que les spots extérieurs :  

 

Et l'endroit où l'on dépose les poubelles :  

 

Les commerces sont protégés par des grilles (le week-end, le commerce se fait à travers ces grilles) :  

 

Et comme l'on vole également tout ce qui est en métal, les bouches d'égout sont maintenant en béton :  

 

 

Au début, cette mentalité déprimante de "bunker" m'opprimait un peu. Mais j'avoue que,  hélas, on s'y habitue…

Agression à main armée !

Dimanche dernier, je me suis fait attaquer à main armée dans la rue.

Ou plutôt, il parait que je me suis fait attaquer à main armée, car il me faut l’avouer : je ne m’en suis pas rendu compte ! Voici ce qui s’est passé :

Mon épouse Nelly et moi marchions dans la rue 74 et nous descendions vers « La Troja », ce haut temple de la salsa à Barranquilla.

Je m’étais arrêté pour rallumer ma pipe et je me trouvais donc une vingtaine de mètres derrière mon épouse (qui avait continué de marcher ne se rendant pas compte que je m'été arrêté). A ce moment là, un jeune homme s’est approché en me disant « Huele rico tu tabaco, ¿¡que marca es? » (Ton tabac sent très bon, quel en est la marque ?).

Maintenant, je dois préciser que je suis l’un des rares fumeurs de pipe à Barranquilla et que j’attire toujours l’attention lorsque je la fume dans la rue. En effet, en Colombie, les pipes sont majoritairement utilisées pour fumer de la marijuana ! Je suis donc habitué à ce que l’on me pose toutes sortes de questions sur mes pipes et mon tabac – il y a quelques semaines, j’ai même achetée une pipe neuve dans la rue à un homme qui m’avait abordé. Mais je m’égare…

J’allais donc plaisamment répondre à ce jeune homme quand je vis soudain mon épouse me faire de grands signes et revenir précipitamment vers moi. A ce moment, l’homme fit demi-tour et s’éloigna.

Comme mon épouse me l’expliqua alors, l’homme avait un couteau à cran d’arrêt dans sa main droite – couteau que je n’avais pas vu. Il allait donc soit me menacer, soit me donner un coup de couteau, soit couper la bandoulière du sac que je portais sur l’épaule pour me le voler – je préfère ne pas savoir ce qu'il comptait faire l

Quelques minutes plus tard, nous rencontrions un policier auquel Nelly rapporta l’incident avec moult détails (elle possède une extraordinaire mémoire photographique et put ainsi le décrire des pieds à la tête). Le policier alerta ensuite ses collègues qui patrouillaient le quartier.

La conclusion que je tire de cet incident est celle que je ne cesse de répéter: ne sortez-pas seul le dimanche à Barranquilla. A part les quartiers populaires, la ville est vraiment déserte et méconnaissable, les barranquilleros préférant rester chez eux – ou visiter les centres commerciaux !